Exercice d'amour


Ce petit livre à la couverture vert forêt - je devrais plutôt écrire vert jungle ! - est mon premier roman. Curieusement, et bien que j'ai eu du mal à le faire publier, c'est celui qui a reçu le plus grand nombre de critiques de presse. Même le journal Minute en avait fait une. Mauvaise, cela va sans dire, vu le thème jugé scandaleux, totalement amoral, par le journaliste. 

 

Cazette est un homme d'affaires à la personnalité équivoque, très introduit dans la bonne société d'une capitale d'Afrique, dix ans après la Déclaration d'Indépendance, c'est à dire vers les années 70. Doté d'un certain pouvoir en sous main et pour des raisons de stratégie, désireux de faire taire les rumeurs qui courent sur son compte, il a l'idée plutôt tordue de proposer à une jeune femme qu'il rencontre au cours d'un voyage d'affaires en Europe de l'épouser. Le marché est très clair : il l'entretient confortablement, luxueusement même et elle lui sert de paravent pour son  homosexualité.

Cette grande rousse désabusée, - à peine remise d’un échec sentimental et dont on n’apprendra d'ailleurs jamais ni le nom ni le prénom - , ne voit que le côté provocant, insolite, de la situation. J'imagine très bien Nicole Kidman dans ce rôle où la désinvolture du début cède peu à peu la place à une tension douloureuse. Car évidemment, la belle, il faut bien le dire assez inconsciente, tombe amoureuse... de son mari ! 

 

La structure d “Exercice d’amour” présente une première partie, objective, qui décrit les événements. Et une seconde partie qui en fait la chronique subjective, par le biais d’un monologue intérieur de la jeune femme. Construction spontanée qui introduit un virage à cent soixante degrés en plein milieu de l'histoire. Comme si l'auteur disait : 

– Et bien non, tout ce que je viens de vous raconter n'est pas tout à fait vrai ! Alors, je recommence. 

 

Ce tricotage permettait de revenir sur les mêmes anecdotes mais sous un autre angle. D'approfondir les relations entre le mari homosexuel et la femme qui prend conscience de son désir. Et dans cette seconde partie du livre, puisque c'est elle qui parle en solo dans un contact intense avec le passé récent, j'ai entrepris une narration plus ardente, plus passionnée, portée par une écriture nettement plus déjantée que dans la première partie.  

Sur le plan de la vraisemblance du récit, c'était vraiment vigilance haute tension à laquelle s'ajoutait l'état d'esprit dans lequel j'ai écrit ce roman : en symbiose totale avec le pays, avec la ville que j'avais connue, arpentée dans ses moindres quartiers. Dans un tel élan d'amour pour l'Afrique, dont je n'arrivais pas à me consoler de l'avoir quittée, que lorsque je m'arrêtais d'écrire, chaque soir, je me sentais abandonnée, presqu'aux larmes. J'aurais voulu repartir là-bas, me retrouver avec mes personnages. Bien qu'ils aient été inventés de toutes pièces, ils faisaient partie de ma vie d'une façon très primaire, très affective. J'avais l'impression que mon lien était tellement viscéral qu'il était impossible qu'ils n'existent pas quelque part. Qu'un jour, je les rencontrerai. 

 

De toute façon, pour certains écrivains qui marchent à l'inspiration, dont je suis, la pression de l'imaginaire est si puissante, qu'il finit par ne plus être de l'imaginaire, mais aussi réel que la vie.

Extraits

Ils flânaient le long des rues bruyantes et animées, traversaient les marchés. Des femmes pétrissaient le manioc avant de le glisser avec dextérité dans une feuille roulée en cornet...suite 

 

Un beau type qu'elle avait rencontré quelques mois auparavant. D'une courtoisie sans faille. Il l'invitait dans des restaurants agréables, réglait si discrètement les additions qu'il rendait l'aspect prosaïque des choses inexistant. ..suite 

Évocation d'Afrique : les Appliqués du Bénin

La force concrète de ces toiles, la vivacité de leurs couleurs : les Appliqués du Bénin, une maîtrise singulière du textile.

 

...suite : Appliqués du Bénin