Myriam et Diane


En 2000, j'ai reçu le Prix des Octaviennes pour le recueil Grande Sérénade. C'est à cette occasion que j'ai rencontrée Geneviève Pastre, fondatrice de ce prix de Poésie et de ses éditions éponymes. Geneviève était une femme au caractère bien trempé, ancrée dans une tradition de résistance intellectuelle. On doit à cette grammairienne de formation un essai audacieux sur le peuple des Amazones. Théoricienne accomplie, magnifique poète, elle a écrit, en un temps où l'homosexualité se vivait sous le manteau d'actualité, "de L'Amour lesbien" , réflexion approfondie et témoignage vibrant sur le sujet. Je lui ai confié Myriam et Diane, qu'elle a publié en 2002. 

Des critiques ont souligné la structure du roman en allers et retours passé présent. C'est un choix qui permet de "décorseter "  le récit linéaire conventionnel et de creuser différemment la situation romanesque. On avance en crabe par le biais des réminiscences. La lecture nécessite une attention un peu plus soutenue et le risque est plus grand pour l'écrivain de se perdre mais cela s'approche davantage, à mon avis, de la vie réelle où l'on ne cesse de s'appuyer historiquement et psychologiquement sur la mémoire. 

J'aime enrichir, sophistiquer la narration en intégrant l'art et la culture dans le récit lui-même, en nourrissant les personnages de leur lien personnel avec cet univers qui ouvre une autre dimension à leur histoire.

 

Ainsi, dans ce périple de Myriam et Diane à travers la France, l'Allemagne et l'Italie, certains lieux, la Forêt noire ou le Palais des Papes à Avignon, par exemple, servent de prétexte à une évasion dans le fantastique. Sans crier gare, le récit bascule dans un décor que j'ai purement et simplement inventé. L'île d'Agendappen, au chapitre Desangenblatt, par exemple, n'existe nulle part. Leur incursion aux marinas de Cap d'Agde tourne à la fable. Jouer avec l'imagination, basculer dans le domaine borderline de la fiction est une de mes grandes jouissances. J'ai l'impression de m'envoler... Comme si on mangeait du rêve. Ainsi, dans Myriam et Diane, l'amour devient, par cette alternance de réaliste, de littéraire et d'inventé, une sorte de conte de fées moderne. Où certains épisodes, la fin en particulier, fait rebondir le roman sur du fantastique pur, tout en proposant, disons une mystique de l'amour.

 

Extraits

 Cabrières

Jamais un sentiment semblable n’avait envahi le cœur de Myriam aussi violemment, l’irrésistible envie de saisir cette tête aux cheveux bouclés, de la tenir serrée contre sa poitrine. Au plus profond, des mots criaient. ...suite 

Harmédor

Elles avaient longé un mur par endroits effondré, au-dessus duquel se courbaient les branches de grands platanes. ...suite 

Palais des papes

– Viens, je te dis ! 

Elle avait d'abord cru à des brumes de chaleur. Trop tôt. Le ciel était encore assombri, de légers nuages passaient sur la lune qui s'estompait..suite

Les carnets

Elle se brosse les dents, observant son visage. « Qu’en dirais-tu maintenant ? » demande-t-elle à Diane, qui effleurait ses paupières d’un doigt léger. Tu prétendais que j’étais austère. ...suite

 

« Crache le morceau, il n’est pas si énorme que ça, Bon Dieu ! » On voit que Werner ne la connaît pas... Des années d’un silence total sur les événements essentiels de ma vie ?  ...suite